Sur la scène avec Les Soliloques

par Isabelle Bourgeault-Tassé

C’est pour faire tomber le quatrième mur de la scène que Les Soliloques se disent « à voix haute ». Pour « affronter le miroir, l’image claire et lucide de leur vécu. » Pour « être dans la lune ». Pour partager le fruit de leur création en parfaite communion avec leur spectateur.

 

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« Ta chanson, c’est ton moment à toi sur scène, où tu traverses le pont de ce quatrième mur pour partager tes monologues – ton soliloque – avec tes spectateurs », expliquent Erika Lamon et Max Nolet, le duo franco-ontarien qui donne corps et âme aux Soliloques.

Formés à Kingston en 2016, mais originaires du sud et de l’est ontarien, Les Soliloques sont chez eux dans le havre musical de la Limestone City qui alimente leur esprit créatif.

« La scène ici est impressionnante ! » s’exclame Max. « Kingston aime beaucoup ses artistes – la ville a disposé de beaucoup de fonds et d’énergie pour encourager ses artistes. Et nous souhaitons faire de cette ville une communauté artistique bien vivante » termine Erika.

 

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C’est également sur scène que Max et Erika allaient d’abord poser le regard l’un sur l’autre. En 2014, ces deux jeunes artistes participaient à JAM en ondes au réseau TFO, une série mettant en vedette la relève musicale franco-ontarienne à la veille d’une prestation aux FrancoFolies de Montréal, la plus grande scène musicale francophone d’Amérique du Nord.

Mais avant les folies de l’amour, l’impératif de la création !

« On s’est rencontrés pour la première fois dans cet univers créatif. Tout le monde qui participait à JAM avait mis sa vie de côté pour une semaine, pour préparer le spectacle ensemble », explique Erika.

« On se rejoignait cependant dans plusieurs choses, même si on était très différents », poursuit Max. « Plus on parlait de musique, plus on avait de choses en commun. Puis, tous les deux, on a fait découvrir notre univers à l’autre, donnant lieu à notre univers créatif. »

 

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Un paysage à deux, cet univers créatif a fructifié, servant également de refuge sacré au couple, et ce, surtout depuis le début de la pandémie en 2020, quand le duo a dû brièvement tirer leur révérence de la scène lors de la crise sanitaire de la COVID-19.

« C’est drôle, tout d’un coup, nous ne pouvions plus performer. Nous avons fait du virtuel comme tout le monde, mais l’impact n’était pas là », souligne Max. Erika ajoute, « Normalement, on avait le droit de négliger notre création, mais la pandémie nous a permis de vraiment dire: « On va passer à la création. C’est là, aussi, où on réalise que c’est pour ça qu’on est artiste. »

Ou comme l’écrit Max sur le blogue envoûtant des Soliloques, « quand l’artiste ne crée plus, il meurt à petit feu ». Et pas question d’abandonner la flammèche, mais plutôt d’assurer une flambée créative pour le couple.

« On est tous deux des artistes qui vivent ensemble – on a une règle: si quelqu’un a une idée de chanson, ils peuvent dropper everything puis aller écrire. Ça disparaît, et tu ne sais jamais si tu vas les ravoir, ces idées-là ! » explique Erika.

 

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Si Les Soliloques créent, ils le font comme l’ont fait plusieurs artistes de l’Ontario français – en français, en anglais – revendiquant leur bilinguisme comme langue de création. Habités par leur expérience culturelle, leur musique et parler ancrés dans l’unicité d’une dualité linguistique, Les Soliloques s’inscrivent dans les réalités de la communauté franco-ontarienne.

« Ça fait partie de notre identité, » dit Erika. « Moi, j’avais mon projet en anglais, mais je sentais toujours qu’il manquait quelque chose – le français. Il faut vivre ce qui résonne avec toi. Pour nous, c’est vraiment les deux langues – elles se mêlent l’une à l’autre. »

« Et ça nous arrive souvent après des spectacles où des membres du public nous disent « J’ai rien compris mais j’ai aimé vous écouter » poursuit-elle, rapidement succédée par Max, qui ajoute : « Souvent, on va jouer une toune ou deux en français, et les gens vont s’intéresser à nos spectacles – ils viennent nous voir même s’ils ne comprennent pas un mot ! »

Avec la rouverture des communautés en Ontario, Les Soliloques se sont réinventés en bêtes de scène, avides de l’éclat éblouissant des feux de projecteurs à Kingston et au-delà, errant du Musiikki Cafe et le Centre culturel Frontenac aux grandes scènes franco-ontariennes tels Contact ontarois.

 

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Les Soliloques ont décidément le regard rivé sur l’avenir. Erika lance son prochain album, Hues (Side A), le fruit de son œuvre pendant la pandémie, touchant aux différentes nuances des relations, avec les autres et avec soi-même. L’album nous montre à la fois le peintre en relation à son œuvre, reflétant la lutte pour la clarté tout en étant teinté par ses propres nuances.

Max, quant à lui, travaille à la réalisation d’un album pour Les Soliloques: « Nous avions plusieurs chansons qui n’existaient que sur scène, et à celles-ci viennent s’ajouter plusieurs compositions de confinement. Chacune est très personnelle à sa manière sans pour autant être autobiographique. Mais dans un monde où tout était hors de notre contrôle, la question du libre-arbitre m’a beaucoup hantée. »

 

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Chose certaine, pour Les Soliloques, cette quête d’une parfaite communion avec leur spectateur se poursuit dans les scènes de Kingston et partout en Ontario français :

« C’est par la poésie, par le beat, par l’harmonie que nous invitons le spectateur à franchir le seuil de ce quatrième mur. À mêler sa voix à la nôtre – en français, en anglais – et à s’égarer dans notre musique. Question d’enfin se retrouver. »